Le chibé, plats des indiens et caboclos de l’Amazonie, est simple et subtil. Dans une cuia, bol végétal, vernissé, une poignée de farine de manioc (farinha d’agua ou farine d’eau) est recouverte d’eau fraiche et cristalline. Rencontre avec la gastronomie amazonienne.
Préparation du chibé, le slow-food brésilien
Un peu de sel, une rondelle de piment, une feuille de coriandre, peut-être, viennent agrémenter la saveur progressivement plus acide de l’eau, alors que la farine encore croquante, remuée avec le doigt, gonfle lentement. La farine d’eau, « farinha d’agua », est fabriquée de la pulpe du manioc jaune, fermentée quatre jours ou plus dans l’eau courante d’un igarapé, puis torréfiée jusqu’à devenir croquante. Les variétés, les terroirs sont infinis. Les débats d’amateurs aussi. Le slow-food brésilien en quelque sorte.
La cuia est une demi calebasse, séchée, grattée, polie en-dedans et en-dehors avec une écaille de pirarucu, puis une feuille de caímbé, le « spontex » de la forêt. Trempée dans l’eau plusieurs heures, le plus souvent peinte en noire de tapecu, elle est ensuite séchée au soleil puis recouverte de cumaté, une résine végétale qui sera fixée définitivement par une exposition répétée à du sable imbibée d’urine humaine, entre deux lavages à l’eau de jipioca (un savon naturel). Le vernis naturel brillant et résistant sera ensuite décoré, peint de thèmes poétiques ou oniriques ou gravé de motifs géométriques.
Le « chibé » se trouve sporadiquement au menu de restaurants de cuisine brésilienne de São Paulo. Soyez vigilant et saisissez l’occasion. Ou voyagez au Pará.
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Par Antoine Egot pour My Little Brasil