[Première Partie] Le Brésil n’en finit plus d’impressionner de par son développement économique et énergétique. Ce vaste pays est aujourd’hui le 2ème plus grand producteur d’éthanol au monde ; il s’agit d’un carburant issu de la culture d’une plante : la canne à sucre.
Le programme Pro Alcool au Brésil
Voilà maintenant 36 ans que le pays s’est engagé dans une politique énergétique sans précédent. C’est en 1975 qu’est officiellement lancé le programme Pro Alcool.
À l’époque, la création d’un tel programme reposait sur deux objectifs:
Premièrement, il importait de diminuer la facture pétrolière qui augmentait de plus en plus. En effet, le Brésil était dépendant de la fluctuation des prix du marché du pétrole. Le Choc pétrolier n’arrangeait pas les affaires du pays qui souffrait déjà d’une forte inflation. Dans un second temps, il fallait aussi relancer le marché du sucre qui était alors au plus bas. Les agriculteurs brésiliens s’appauvrissaient des conséquences de la fin des accords du Sugar Act.
Le lancement de la politique d’éthanol a amené de profonds changements dans le pays. Le déplacement de la canne s’est principalement concentré dans les régions sud du pays au détriment des régions historiques du nord. L’Etat de Rio de Janeiro mais surtout celui de São Paulo abritent aujourd’hui les plus grands champs de canne du pays ainsi que tous les équipements techniques de pointe. Ce sont les principaux lieux de production.
Les années 80-90 vont pourtant entraîner l’ambitieux programme brésilien en désuétude. L’accumulation de difficultés économiques et le contre-choc alcool caractérisé par une baisse des prix du baril de brut ne rendent plus rentable l’alcool. Progressivement, les agriculteurs délaissent la production d’éthanol au profit du sucre. La production d’alcool baisse et il devient plus difficile de se ravitailler. Une pénurie s’installe, une crise de confiance s’ensuit et le programme est abandonné pour un temps…
Les voitures “flex-fuel”
Le lancement des voitures « flex-fuel » en 2003 et le succès immédiat ont permis de relancer le programme. La force des voitures à moteur « flex » vient du libre arbitrage que détient le consommateur (flex fait référence à la flexibilité). Celui-ci peut selon son choix utiliser de l’éthanol ou de l’essence (il bénéficie d’une certaine disponibilité et peut aussi comparer les prix). L’éthanol sur le marché brésilien reste quant à lui toujours à un prix moins élevé que celui du pétrole pour assurer un certain niveau de consommation.
Un programme critiqué
Le Brésil est aujourd’hui très compétitif en matière de nouvelle énergie. La filière alcool a permis de générer environ 800 mille emplois formels. L’éthanol commence à devenir la troisième énergie du pays derrière le pétrole et l’hydroélectricité. Les exportations d’éthanol augmentent depuis 2004 et les accords ”transfert de technologie” sont de plus en plus nombreux notamment vers l’Afrique. Pourtant malgré un certain succès national, le Brésil fait face depuis 2004 à de nombreuses critiques et contestations qui le poussent à réformer son programme énergétique.
C’est cette question qui sera étudiée au cours de la 2ème partie de cet article.
Par Charles Rassaert pour My Little Brasil