
Durant les dernières décennies, le cinéma brésilien a su se diversifier et prendre des risques, très souvent récompensés, dans différentes catégories telles que la comédie (Se Eu Fosse Você), la musique (Gonzaga – de Pai Pra Filho), le sport (Garrincha – Estrela Solitária), ou encore le drame (Central do Brasil a reçu de nombreuses récompenses).
Parce que l’histoire brésilienne est riche en événements, le cinéma national l’est également et lui rend hommage.
Les biographies à l’honneur au cinéma brésilien
Le film «Gonzaga – de Pai Pra Filho » retraçait la vie de Luiz Gonzaga, représentant du style musical Baião de la région du Nordeste. Mais hors des thèmes musicaux, le cinéma brésilien a su également aborder des sujets politiques, un des plus beaux exemples reste le film Lula, o Filho do Brasil. Vous découvrirez ainsi son enfance modeste, ses premiers engagements politiques qui feront de lui le futur fondateur du partido dos trabalhadores (parti des travailleurs) et le Président du Brésil (2003-2011).
Outre la politique, la prostitution est à l’honneur avec la biographie d’une Garota de programa (prostituée en portugais) dans le film Bruna Surfistinha (la petite surfeuse, surnommée ainsi par un de ses clients). Cette ex-prostituée, interprétée dans le film par Deborah Secco, est devenue célèbre en publiant ses expériences professionnelles sur son blog, à partir de 2005.
Le cinéma brésilien montre les favelas au monde entier
Tout le monde connaît l’existence des favelas au Brésil, ces quartiers populaires construits illégalement au fil du temps sur des terrains inoccupés, par de modestes populations survivant difficilement à leurs besoins.
Deux films ont dévoilé une réalité de ces favelas : A Cidade de Deus et Tropa de Elite.
A Cidade de Deus (La cité de Dieu) est le nom d’une favela de la zone ouest de Rio de Janeiro. Créée dans les années 60, cette favela a malheureusement connu une montée de la violence, racontée à travers le personnage fictif Zé Pequeno, et narrée par le film qui a rendu célèbre le nom de cette favela.
Depuis 2 000, le gouvernement brésilien a lancé une vague de pacification des favelas à Rio, et notamment dans ce quartier. Cependant, le film a rendu synonymes les mots violence et favela, ce qui a tendance à irriter la population brésilienne. Il faut donc garder à l’esprit que le film A Cidade de Deus est UNE réalité, et non LA réalité.
On pourrait également émettre la même critique à l’encontre du film Tropa de Elite, qui raconte l’intervention musclée dans les favelas du groupe BOPE (Batalhão de Operações Policiais Especiais – Bataillon des opérations spéciales de police) chargé de démanteler les réseaux de narcotrafiquants. Wagner Moura, acteur Brésilien et bahianais très célèbre, tient le rôle principal du film. Tropa de Elite est également connu pour sa bande originale teintée de Funk Carioca, avec le succès Rap das Armas, et les scènes tournées dans des bailes funk.
Les drames inspirent le cinéma Brésilien
Le Brésil, souvent considéré comme le pays des extrêmes, a malheureusement son lot de tragédies, comme la prise en otages dans le bus 174 à Rio (cet événement est appelé « sequestro do ônibus 174 » en portugais).
Cet événement marquant, survenu le 12 juin 2000, a donné lieu à un film : Última Parada 174 (dernier arrêt pour le bus 174). Sandro Barbosa do Nascimento, enfant de la rue au destin tragique, a survécu en 1993 au massacre des enfants (vivant près de l’église de Candelária) par les forces policières. Sept ans plus tard, il sera filmé par les télévisions brésiliennes, alors qu’il séquestre les passagers du bus 174 pendant près de cinq heures.
Après négociation entre les membres du BOPE et Sandro, et libération de quelques otages, Sandro sortira du bus avec une otage enceinte. Plusieurs coups de feu seront tirés des deux bords. L’otage mourra de quatre balles, ainsi que Sandro, par asphyxie dans le véhicule de police. La responsabilité du BOPE sera mise en cause dans la fin tragique de cet évènement. Pour en savoir davantage, on vous conseille l’excellent documentaire de José Padilha Bus 174, dans lequel vous découvrirez les images réelles du bus 174.
Mais les drames brésiliens peuvent être aussi synonymes de braquage de banques, et pas n’importe lesquels : le braquage de la Banque Centrale de Fortaleza, considéré comme le deuxième plus grand braquage mondial, avec approximativement 164.7 millions de Reais dérobés dans la nuit du 6 au 7 août 2005. Le film s’appelle Assalto ao Banco Central.
Lorsque l’on fait allusion aux événements extrêmes, on pense aussi au massacre de Carandiru, qui a été porté à l’écran en 2002 sous le nom Carandiru. Considérée comme la plus grande prison d’Amérique Latine, basée à São Paulo, Carandiru a vu ses prisonniers se rebeller le 2 octobre 1992, événement qui se terminera par la mort de 111 détenus perpétrée par la Police Militaire, une véritable violation des droits de l’Homme au Brésil. La prison a été détruite en 2002.
La comédie brésilienne
Tous les exemples de films cités dans cet article nous montrent que le cinéma Brésilien mérite une attention particulière car il s’enrichit au fur et à mesure que l’histoire du Brésil avance.
Bien évidemment, la liste de films retraçant une partie de l’histoire du Brésil ne s’arrête pas là, on peut penser par exemple au récent 400 contra 1 – Uma História do Crime Organizado, qui raconte l’histoire du Comando Vermelho, la célèbre organisation criminelle évoluant principalement à Rio de Janeiro.
Mais le cinéma Brésilien n’est pas que drame et tragédie, il sait aussi nous divertir avec ses nombreuses comédies telles que Se Eu Fosse Você, où un mari et son épouse héritent du corps de l’autre afin d’affronter la réalité du/de la conjoint(e)…
Pour en savoir plus sur le cinéma brésilien, retrouvez notre article la musique populaire et le forró du Brésil au cinéma.
Par Jérémie Melki pour My Little Brasil.
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