Digital Factory Brazil continue son tour des entrepreneurs et investisseurs du Brésil et partage avec vous, lecteur fidèle de My Little Brasil, ses surprises et découvertes… Nous avons donc reçu chez nous Michel Brunet, business angel passionné par l’entrepreneuriat, établi depuis 8 ans au Brésil. Investisseur expérimenté, créateur d’un réseau de business angels dans la ville de Curitiba (dans l’état du Paraná). Il nous expose ici sa vision de l’entrepreneuriat et des perspectives de développement de l’écosystème des startups au Brésil.
Quel est votre lien avec le monde de l’entrepreneuriat au Brésil ?
Fort de mon expérience d’entrepreneur et de Business Angel en France, ou j’ai participé à la création du réseau France Angles au niveau national et de Capitol Angels à Toulouse et financé personnellement plus d’une dizaine de projets, mais aussi désireux de participer au développement du Brésil, où je me suis installé, j’ai décidé de mettre mes compétences… au service du développement de l’écosystème entrepreneur et investisseur au Brésil !
Dans ce but, j’ai crée INOVA TOOLS, société de consultance dont l’objectif est le financement initial des startups. Avec une offre de service dans deux directions:
- Le développement de l’offre de financement de Start-ups par le développement de réseaux de Business Angels, seuls a même de prendre le risque de financer des entreprises encore embryonnaires;
- L’accompagnement de Start-Ups pour les préparer a affronter le monde de la compétitivité, et à aller chercher les financements nécessaires.
Dans ce cadre, en 2010, J’ai été contracté par la FIEP, Fédération des Industries de l’Etat du Paraná [puissant syndicat patronal], plus précisément par le C2i, son Centre d’Inovation Internationale. Le C2i voulait créer un environnement favorable au développement des Start-Ups, et pour cela mettre en place les outils nécessaires à ce développement. Création d’un incubateur, attraction des différents outils financiers: fonds d’investissements, sociétés de capital risque , sociétés de private equity, mais surtout structurer un réseau de Business Angels, C2i Anjos, premier réseau de Business Angels dans le sud du Paraná, lancé en juin 2011 avec 24 membres.
Selon vous, qu’est-ce qu’un Business Angel ?
Un Business Angel n’est rien d’autre qu’un homme qui investit son propre argent en capital dans une entreprise innovante à fort potentiel et qui, en plus de son investissement, accompagne et met à la disposition de l’entrepreneur, ses compétences, son expérience, ses réseaux relationnels et une partie de son temps.
Le Business Angel est un véritable associé-entrepreneur et son accompagnement est à forte valeur ajoutée.
Expliquez-nous votre rôle au sein du C2i ?
J’ai mis en place une méthodologie visant à capter des capital riskers (investisseurs dans des projets risqués, tels que le développement de startups, par opposition aux investisseurs qui réalisent des investissements moins risqués, dans l’immobilier par exemple).
Cette méthodologie se développe en deux phases :
- La 1ère correspond à la phase d’évangélisation auprès d’investisseurs potentiels via l’organisation de conférences et de réunions. Le but étant de les convaincre qu’investir dans une startup,au delà de l’investissement financier, est un acte citoyen permettant de créer de la richesse et des emplois localement, de générer des innovations (produits, services, process), apportant un bien à la société..
- La 2ème phase, quant à elle, est la phase opérationnelle : amener les membres, généralement, surtout au début, novices donc frileux, à prendre la décision d’investir. Pour ce faire, nous tentons de les intéresser en présentant des projets aboutis ou semi-aboutis à fort potentiel de croissance.
En amont, le C2i démarche entrepreneurs, souvent des first entrepreneurs, les sélectionne et les forme à présenter et défendre leurs projets en les entraînant notamment à l’exercice du pitch. Ainsi, lors des sessions de présentations des projets aux investisseurs, les entrepreneurs sont-ils plus convaincants et pertinents. Par la suite, le C2i fait l’intermédiaire entre les entrepreneurs et les investisseurs, dans le but de faire aboutir l’investissement.
Depuis sa création en juin 2011, le réseau C2i Anjos a présenté une douzaine de projets à ses membres, et au moins 3 d’entre eux sont allés en négociation finale.
Que pensez-vous des startups au Brésil ?
L’ecosystème des startups au Brésil est assez paradoxal.
Du côté des entreprises, il existe un fabuleux boom du e-commerce, mais on oublie la grande fragilité du business model de la plupart des sites marchands. Qui gagne aujourd’hui de l’argent, je parle de retour sur investissement, chez les grands e-commerçants du Brésil… ? Du côté des sites médias et autres réseaux sociaux, il semblerait que le financement par la publicité rassure de moins en moins les investisseurs, et à juste titre d’ailleurs ! Le gâteau de la publicité n’est pas infini! Et commence à lasser les Internautes. Va t’on a nouveau vers un bulle Internet comme en 2000?
Enfin, n’oublions pas qu’il est possible de faire du très bon business sur des projets innovants en dehors de la sphère internet !
Du côté des investisseurs, s’il existe d’incroyables opportunités à saisir sur le marché brésilien, la grande majorité des projets qui leur sont envoyés sont portés par des entrepreneurs peu expérimentés (manque de formation, manque d’expérience pratique…), avec des projets pas encore aboutis (manque la preuve du concept), et des valorisations très largement surestimées (effet Instagramme), ce qui ne joue pas en leur faveur, et ne contribue pas à la réalisation des investissements.
Je rencontre ainsi beaucoup de startups en « early stage » qui sont prometteuses, mais qui, par faute de réflexion stratégique, de présentation efficace, de proposition de valeur claire, de Proof of Concept, voire de compréhension des attentes d’un investisseur peinent à lever des fonds. C’est pourquoi je salue l’initiative de Digital Factory Brazil qui se propose d’accompagner et de former les entrepreneurs au Brésil, dans une démarche assez innovante d’accélérateur d’entreprises.
Par NKL et Alexandrine Brami pour My Little Brasil
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