Surpris par le niveau des prix au Brésil ? Vous n’êtes pas seul. Il est vrai que, contrairement aux idées reçues, le Brésil est un pays où la vie est chère. Certains produits ont connu une véritable flambée des prix ces dernières années. Point sur l’inflation.
Ce qui pèse le plus dans le budget des ménages
D’après l’IBGE* (l’Instituto Brasileiro de Geografia e Estatística – l’équivalent brésilien de l’INSEE), l’inflation enregistrée entre 2007 et 2011 serait de 30,17%. Cependant, ce taux étant une moyenne, il peut dissimuler des variations de prix bien plus fortes concernant des biens ou des services particuliers. Il est donc utile de se pencher un petit peu plus sérieusement sur le détail de l’indice.
D’après l’IBGE, les trois domaines qui ont le plus pesé dans l’augmentation des prix mesurée depuis 2007 sont : la restauration, la viande et les employés à domicile.
Plus précisément, entre 2007 et 2011, les prix de la restauration, incluant les déjeuners, les petits déjeuners et les goûters, ont augmenté de 58% soit quasiment le double de l’inflation enregistrée sur la période (30 % contre 9% en France sur la même période). Pour ce qui est de la viande, on constate une augmentation de 92,62% des prix des viandes bovines et porcines. Enfin, embaucher une employée à domicile reviendrait 65% plus cher en 2011 qu’en 2007.
Pourquoi s’intéresser aux détails de l’inflation ?
Ces différences dans les variations de prix importent beaucoup puisqu’elles permettent de définir quelle partie de la population souffre le plus de la variation des prix. Ici, le Brésilien qui a pour habitude de déjeuner ou de dîner à l’extérieur dépense en moyenne 21% de plus que ce qu’il dépensait en 2007 par rapport à son salaire réel (salaire tenant compte de l’IPCA*). Cette même personne dépense 46% de plus pour l’achat de viande et 27% s’il dispose d’une employée à domicile.
Or, il ne faut pas oublier que certaines de ces habitudes sont extrêmement répandues au Brésil. Suivant un rapport de l’entreprise GfK (entreprise spécialisée dans les études de marché), 51% de la population aurait pour habitude de manger à l’extérieur et 16% déjeunent systématiquement au restaurant en semaine.
Selon Emerson Marçal, coordinateur du Centre de Macroéconomie Appliquée de l’École d’Économie de la FGV (Fundação Getulio Vargas), « pour le moment, ceux qui souffrent le plus de l’augmentation des prix sont ceux dont les revenus sont les plus élevés ». Mais c’est sans compter sur le fait que d’autres secteurs connaissent une flambée des prix qui affecte très fortement les classes populaires…
D’autres secteurs touchés par l’inflation
Depuis la mise en place du Plano Real** en 1994, l’évolution de l’IPCA est spectaculaire. Le fait de cuisiner chez soi, par exemple, coûte désormais deux fois et demi plus cher qu’il y a dix ans à cause notamment de l’augmentation de la valeur des combustibles sur la période. Le prix des télécommunications a également explosé (augmentation de 703,54% depuis 1994). Les transports publics n’ont pas été épargnés (630,2%). Enfin, un dernier chiffre, celui de l’augmentation des prix des coiffeurs et manucures : + 540,02%, qui n’a rien d’anecdotique puisque la majeure partie de la population fréquente ces salons de beauté très régulièrement, qu’importe la classe sociale.
Il s’agit donc ici de produits et de services qui concernent toutes les classes sociales, y compris les plus pauvres qui souffrent d’autant plus de la flambée des prix que leurs salaires n’augmentent pas au même rythme… C’est l’analyse que fait le consultant financier Mauro Calil. Selon lui, beaucoup de gens résistent à changer leurs habitudes de consommation, tandis que les prix deviennent de plus en plus dissuasifs.
La flambée des prix au Brésil constitue donc à la fois un enjeu économique notamment en terme de compétitivité sur les marchés étrangers mais aussi un enjeu social mettant en péril le niveau de vie de la population à faible revenu…
* L’IBGE calcule l’IPCA : Índice Nacional de Preços ao Consumidor Amplo, l’équivalent brésilien de l’indice des prix à la consommation.
**plan monétaire visant à contenir l’inflation et à l’origine de la création d’une nouvelle monnaie : le real.
Sources :
- Journal Valor, édition du 4/07/2012, p. D1 (Valor est l’équivalent de La Tribune ou Les Echos en France)
- Rapport de l’IBGE
- Site de GfK
Par Alice Renard pour My Little Brasil
Sans oublier le prix des transports et surtout des loyers dans les grandes villes!!
Effectivement a chaque fois que je retourne au Brésil je constate cette croissante des prix et le coût de la vie courante. Cet article m’a été très utile pour confirmer mon impression !
Sans oublier le prix des transports et surtout des loyers dans les grandes villes!!
Effectivement a chaque fois que je retourne au Brésil je constate cette croissante des prix et le coût de la vie courante. Cet article m’a été très utile pour confirmer mon impression !