Augusto Figueiredo, Brésilien formé en France, conseiller juridique au Comité Organisateur des Jeux Olympiques Rio 2016 nous raconte son histoire et comment on devient organisateur d’un des plus grands évènements sportifs internationaux.
Augusto, racontez-nous votre parcours universitaire ?
J’ai étudié le droit à l’Université Fédérale de Rio de Janeiro jusqu’au Master, puis j’ai travaillé pour la banque Itaú pendant 6 ans comme avocat. J’ai voulu enrichir et approfondir ma formation, et sur un coup de tête j’ai postulé à la Sorbonne (Paris I) sans savoir vraiment comment m’y prendre.
Finalement j’ai été admis en Master 2 de Droit international privé et Commerce international. J’ai donc tout laissé derrière moi et je suis parti vivre à Paris en 2006. Par mon tuteur de mémoire qui enseignait aussi à Sciences Po, j’ai découvert le Master professionnel Global Business Law dans lequel j’ai été admis en 2007.
Ce fut une expérience extrêmement enrichissante. J’ai adoré Paris et ces deux années ont véritablement consolidé mon parcours académique.
Après avoir travaillé, j’ai aussi fait un Master in Business Economics (MBE) au Centro de Ciências Jurídicas e Econômicas de l’Université Fédérale de Rio de Janeiro, en analyse internationale. Ces cours m’ont éveillé à la reprise d’études universitaires.
Il faut quand même ajouter que sans même savoir que j’allais étudier un jour en France, j’avais déjà toutes les certifications de langue (DALFs et DELFs et le Certificat de Français Juridique de la CCIP), ce qui fut fondamental pour appuyer mon dossier de candidature dans ces universités.
Pourquoi êtes-vous rentré au Brésil après vos études ?
Au Brésil j’avais de très bonnes opportunités qui m’attendaient, j’avais déjà 32 ans. Je suis retourné travailler dans la banque brésilienne Itaú où j’ai participé à la création d’un département d’arbitrage. Cette expérience fut possible grâce à l’excellence de l’enseignement que j’ai acquis dans les Masters de cette branche de droit à Paris I et à Sciences Po.
La création du département d’arbitrage fut un véritable tremplin pour ma carrière. Je suis ensuite parti travailler pour IBM pendant un an.
Mais l’idée de retourner travailler à Rio me trottait dans la tête. J’ai donc fait tourner mon CV dans mon entourage, le networking est très important au Brésil… C’est à ce moment que le Comité d’Organisateur des JO m’a contacté.
A quoi ressemble la préparation du plus grand événement sportif mondial et comment est structuré le Comité Organisateur des JO de Rio ?
C’est un projet intense, un des plus significatifs pour la ville de Rio. On appelle ça une « end-up » car le projet a une date d’expiration et se dissout dès la fin des Jeux…ce qui rend le projet totalement unique. On a même un compte à rebours dans le bureau, il reste à peu près 1000 jours, c’est très stressant ! Chaque mois de nouveaux départements sont créés, on voit l’entreprise grandir à vue d’œil.
Ce qui est drôle, c’est l’hyper spécialisation des métiers comme « Gerente Geral de Look dos Jogos » ou encore « Gerente de Experiência do Espectador »… Les JO sont un marché à part, qui crée des emplois ultra-spécifiques, tellement spécifiques que certains suivront les JO toute leur carrière. Le comité organisateur emploie des personnes du monde entier. Nous atteindrons probablement 3000 employés quand l’entreprise aura atteint son apogée.
Et vous, quelles sont vos responsabilités au sein du Comité ?
J’ai commencé en tant que Gerente de Instalações e de Infraestrutura, pour ensuite être également en charge du département Cerimônias e Acomodações. Le Comité étant encore en construction, je suis plus proche de la Direction où les choses avancent relativement vite.
Je suis pour l’instant seul sur ce poste mais cela est voué à changer car une quantité énorme de contrats est à venir, notamment sur les questions environnementales, sur le droit du travail, etc.
L’avancée de ces départements nous a guidé vers un nouveau challenge : la création d’un nouveau département Gestão de Contratos e Prevenção de Disputas. Ce département est d’une importance stratégique pour le projet. L’objectif de ce département est de garantir la qualité des grands contrats et de leur exécution, tout en étant responsable de la négociation et du règlement des différends découlant de la mise en oeuvre de ces grands contrats.
Il y aura certainement de nombreux contentieux qui subsisteront après la fin des JO. Ma mission est de diminuer le nombre de ces contentieux, ce qui veut dire anticiper, blinder les contrats, etc.. Et le Comité Organisateur innove dans la création d’un tel département.
Travailler dans le secteur juridique au Brésil, concrètement c’est comment ?
Au Brésil, la culture du conflit juridique est très développée. Les Brésiliens ont un accès facile aux organismes et sites de réclamation et ne s’en privent pas. Le règlement alternatif des conflits et leur prévention sont très récents. Je pense qu’il faut développer la culture de la prévention de litiges.
Rendez-vous sur le site Rio 2016 pour consulter les offres d’emploi !
Par Camille de Bernis et Veridiana Mathieu pour My Little Brasil